L’année est marquée, comme pour la filière Métal, par des éléments de conjoncture qui entraînent des difficultés et une instabilité pour les entreprises du recyclage.

Les cours des métaux non ferreux sont restés très élevés, malgré des hausses de prix déjà historiques en 2021. Les prix ont atteint des records en mars/avril 2022, mais des baisses importantes ont suivi ce pic à la fin du 2nd trimestre, notamment -30 % pour l’aluminium et -22 % pour le cuivre entre avril et juin. La chute des prix entraîne une baisse des tonnages collectés et vendus, ainsi qu’un phénomène de stockage dans la perspective d’une remontée escomptée des cours.

La collecte en 2022 s’est nettement amoindrie par rapport à 2021 en raison du « retour à la normale » d’avant pandémie et de la baisse des prix des matières premières. Le tonnage collecté représente 1 738 200 tonnes, soit une baisse de -15 % par rapport à 2021.

Les provenances des métaux non ferreux sont réparties de manière différente à celle de 2021 car nous avons ajouté de nouvelles rubriques dans le questionnaire adressé aux entreprises.
L’achat au détail qui était prédominant ces dernières années enregistre une baisse importante ( 647 000 tonnes, soit 23 % de moins que 2021), qui s’explique par les faibles stocks dans les entreprises (déstockage important en 2021) et le ralentissement dans le secteur du bâtiment et de la rénovation.
La part démolition industrielle/déchets du bâtiment diminue également (71 600 tonnes, soit -50 % par rapport à 2021). Certaines tonnes auparavant déclarées dans « collecte provenant des déchèteries » sont désormais mieux identifiées dans les rubriques DND en mélange, DEEE et VHU.

Le tonnage vendu en 2022 s’élève à 1 738 200 tonnes, soit 17,5 % de moins qu’en 2021. La répartition des ventes est plutôt stable par rapport à 2021. L’aluminium (hors câble) reste la catégorie de métaux non ferreux la plus vendue (466 500 tonnes, soit 27 % des tonnages vendus). On observe une baisse de la vente du plomb et des batteries qui s’explique en partie par le ralentissement global dans la filière automobile (237 100 tonnes vendues, soit une baisse de 34 % par rapport à 2021). La mise en place de nouvelles installations pour traiter des câbles en cuivre en France entraîne logiquement une hausse de la vente de câbles en cuivre (115 400 tonnes, soit +37 % par rapport à 2021). La catégorie du bronze et de ses alliages subit une baisse également très importante, notamment à cause de la disparition progressive de l’usage de ce métal non ferreux (7 000 tonnes vendues en 2022, soit 83 % de moins qu’en 2021).

De manière plus aiguë que pour les métaux ferreux, les ventes en France de métaux non ferreux ont fortementchuté : -38 % en 2022. La France est confrontée à des problèmes de compétitivité et les usines ont réduit leur production de moitié. Les tonnages vendus se sont reportés vers la vente à l’international qui a connu une hausse de 42 % par rapport à 2021. Une proportion importante de ces tonnages est exportée vers l’Asie.

Les ventes au sein de l’Union européenne sont toujours majoritaires mais connaissent une légère baisse (1 060 300 tonnes vendues en 2022, soit 7 % de moins qu’en 2021). Les ventes s’orientent principalement vers l’Espagne et l’Italie.

Le chiffre d’affaires pour 2022 s’établit à 4 Md€, soit une évolution de +1 % par rapport au chiffre d’affaires 2021. Ce résultat s’explique par les prix très élevés du 1er trimestre. Sur les trois derniers trimestres, la rareté des déchets métalliques a permis de maintenir les prix à un niveau élevé malgré la chute des cours.

Il est assez difficile de faire des prévisions sur les prix et niveaux de demande pour 2023 et 2024, toutes matières confondues. Les clients tels que les affineurs sont de gros consommateurs d’énergie et ont réduit voire arrêté une partie de leur production pour faire face à la hausse des coûts d’énergie. S’il y a moins de consommateurs en aval, il y aura moins de demande.

Dans le contexte de réindustrialisation de la France le projet de loi Industrie Verte pourrait avoir certains effets pervers impactant la filière.

En effet, en assouplissant le cadre réglementaire sur la production de chutes industrielles, malgré les alertes vigoureuses de la fédération auprès des pouvoirs publics, le législateur pourrait déstabiliser économiquement des entreprises de recyclage. Elles se verraient privées de leurs savoir-faire au profit des producteurs, généran par ailleurs, des facteurs de risques accrus pour l’environnement.