Interview d’Olivier François
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Publié le 26/04/2019

Vous pilotez les travaux de FEDEREC sur le projet de Certificat d’Incorporation Matière (CIM). Quel est l’objectif de ce mécanisme et en quoi est- ce une priorité pour les entreprises de recyclage?



Comment introduire un concept aussi abstrait qu’un certificat d’incorporation de matière? Prenons un petit peu de recul : nous savons tous, dans le métier du recyclage, que nous avons toujours dû, et que nous devons toujours, nous battre contre les matières non recyclées. Celles-ci sont souvent appelées matières « vierges » : rien ne me hérisse plus que cette dénomination, car elle nous déclasse immédiatement, puisqu’elle nous renvoie automatiquement en son opposé, que la bienséance me retient de nommer dans ces augustes colonnes. L’impact environnemental de l’extraction minière est tellement colossal que nos amis producteurs et consommateurs de minerais, et autres pétroles, s’accrochent à cette virginité qui ne devrait tromper personne... sauf qu’elle trompe presque tout le monde, et depuis longtemps. Il en découle une résistance symbolique aux matières recyclées, qui n’explique certes pas tout, mais dont la valeur de frein psychologique ne doit pas être négligé. Si le repoussoir est clair, comment renverser la vapeur ? C’est là qu’intervient notre concept de certificat, et plus précisément de monétarisation de l’usage des matières recyclées. Ce concept flotte dans l’air du recyclage depuis des années :prenons par exemple depuis plus de 20 ans la Grande-Bretagne (1997) avec les «packaging recovery notes », PRN, qui répondait à la directive emballages de 1994.





Cette initiative a donné lieu à de nombreux travaux universitaires, avec le professeur Matthieu GLACHANT, Mines ParisTech, que nous avions invité à nous exposer ses travaux sur le sujet lors du salon «nouvelles matières premières » organisé par FEDEREC à Marseille en juin 2010, ouinstitutionnels, avec au moins deux rapports ADEME sur cet expérience (2004 et 2013). L’idée de base est très simple:une facture de vente de matière recyclée à un transformateur de matière est une preuve 1-indiscutable et 2-monnayable: elle est monnayable, car en effet, sous réserve d’une réglementation obligeant les fabricants d’objets de prouver leur consommation de recyclé, ces factures peuvent
faire l’objet d’un achat de la part de ces fabricants pour couvrir leur obligation. Evidemment, pour le monde du recyclage, vendre une facture, quelle révolution! mais nos amis anglais s’y sont mis très vite: c’est un mécanisme de marché, et là, les réflexes de la profession ont joué à merveille. De notre côté, FEDEREC n’a eu de cesse ces dernières années de mener des simulations, d’intégrer tous les retours d’expériences, qu’ils viennent du marché de négociations des quotas de CO2, des certificats d’économie d’énergie, pour aboutir au CIM, Certificat d’Incorporation de MPiR, matières premières issues du recyclage. Le CIM est également la continuité de notre étude sur les bénéfices environnementaux liés à l’utilisation des MPiR et au logiciel qui en découle. Concrètement, nous en sommes à la phase de finalisation du dispositif, avec un travail de concertation en cours avec l’ADEME, et une expérimentation en préparation dans la région Hauts-de-France.

Plus d'infos: marie-ange.badin@federec.com

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