Publié le 12/12/2019
Interview de Marc PENA, ancien président de FORMAREC,
dirigeant du groupe PENA
Après 25 ans au sein de FEDEREC, Marc PENA tire sa révérence. A cette occasion, FEDEREC a souhaité rendre hommage à son travail, son investissement, sa connaissance des métiers du recyclage, son enthousiasme et sa polyvalence.
Pouvez-vous présenter le Groupe PENA ?
Depuis plus de 60 ans, les entreprises PENA, groupe industriel familial aquitain, ont su rester pionnières dans le domaine du recyclage de déchets comme dans leur approche environnementale.
Chaque jour, c’est plus de 1.500 tonnes de déchets qui trouvent une seconde vie. Industriels ou ménagers, dangereux ou non dangereux, les déchets sont collectés et traités pour réduire au maximum leur impact sur notre planète.
J’ai repris les rênes de l’entreprise familiale en 1991. Le Groupe PENA est adhérent FEDEREC.
Comment se sont déroulées vos 25 ans chez FEDEREC ?
Dès mon retour dans l'entreprise familiale en 1986 je fréquente avec mon père les réunions syndicales de Bordeaux et de Toulouse où une "bourse" (rencontre-repas) se tenait tous les matins des premiers samedis de chaque mois.
Je m'implique dans le fonctionnement de FEDEREC Nouvelle-Aquitaine et deviens rapidement vice-président de l'association au début des années 90. A l'occasion de la démission du président de l'époque, je prends la présidence de la région FEDEREC Sud-Ouest Atlantique en 1995. Je vais le rester jusqu'à 2002. Pendant ces années, je monte une formation de responsable d'exploitation avec Sandrine LEGER. Je suis par ailleurs, en tant que président, élu à l'Agence de l'Eau Adour-Garonne.
Avec Robert LIFCHITZ, Pascal SECULA et Gérard COLON, nous décidons de lancer le projet de création d’une société commerciale nationale en 1998. Cela deviendra PRAXY l'année suivante.
En 2002, je prends la présidence de FEDEREC VALORDEC, la branche multi-déchets de la fédération. Je me vois donc confier l'avenir de la profession du recyclage des DIB (Déchet Industriel Banal) où tout était à inventer : les marchés, les réglementations, les matières ! Le sujet de l'époque était la création des normes sur le compost, au niveau national et européen. Nous suivions cela avec les permanents de FEDEREC et les salariés de mon entreprise, jusqu'à aboutir aux normes en usage aujourd'hui (NFU 44-051 et 44-095).
2007 : Le Grenelle de l'environnement.
Je suis mandaté par le conseil d’administration pour représenter FEDEREC à cette grande messe ! L'occasion de contribuer à faire germer de nouvelles idées dans le monde politique notamment sur le CSR (Combustible Solide de Récupération) mais aussi sur la capacité que nous devons trouver dans notre société pour établir une relation plus durable avec notre environnement. Les conclusions que je propose sont largement reprises dans la conclusion générale de l'événement. Les années suivantes ont été largement consacrées à la création de la filière CSR : caractérisation, démonstration, échanges avec les ministères. La loi de transition énergétique de 2015 consacre ce travail en décrivant une nouvelle rubrique d'ICPE (05/16) et le bien fondé du CSR.
J'achève mes mandats à la présidence de VALORDEC en 2017. Jean-Pierre LUTHRINGER, Directeur Général de PRAXY me succède à la présidence.
C'est alors que je me rapproche de FORMAREC, l'organe de formation de FEDEREC, où Bernard Favory, éternel président de FORMAREC, cherche un repreneur. Je deviens vice-président de l’association, afin d’envisager sa remise au goût du jour. Je propose de réaliser un grand projet ayant pour but d'écrire la connaissance que nous détenons dans la profession afin de pouvoir l'enseigner. Nous créons plusieurs nouvelles formations pour accompagner la révolution en cours dans nos métiers.
L’enjeu de la formation et de la professionnalisation des salariés est une priorité, quelles étaient vos ambitions et objectifs pour FORMAREC ?
Notre métier est au cœur de ce qu’on appelle l’économie circulaire. Dans ce contexte, nous devons nous préparer à voir notre métier évoluer très rapidement. L’enjeu de la formation et de la professionnalisation des salariés est super important. Nous allons devoir nous adapter, gagner en performance, nous professionnaliser encore plus, aborder de nouveaux métiers.
C’est pourquoi il m’a semblé indispensable de créer de nouvelles formations à destination des employés et des entreprises afin de faire évoluer la profession. J’ai investi et passé beaucoup de temps pour créer et mettre en place toutes ses formations, environ 30, abordant un grand panel de thèmes et bénéficiant de supports et ressources numériques. Des projets connexes comme la construction de référentiels et de catalogues des matières étaient aussi en cours.
La décision de mettre un terme à cette initiative a été prise en début d’année 2020 par le Conseil d’Administration de FEDEREC, pouvez-vous nous l’expliquer ?
Malgré toute l’énergie que nous avons développée, nous avons été obligés de constater que les entreprises n’ont pas répondu favorablement à ces projets. Nos propositions correspondaient avec l’enquête préalablement effectuée par FORMAREC auprès des adhérents FEDEREC concernant leurs besoins en termes de formations. Mais il y a eu une conjoncture de circonstances qui a conduit à mettre un terme à cette aventure : la loi sur la liberté de choisir son avenir professionnel a bouleversé les systèmes de financement de la formation en transformant les Opca en Opco (Opérateurs de Compétences). Ces changements ont entraîné un manque de lisibilité pour les entreprises sur les fonds pouvant être dédiés à des actions de formation et le modèle économique de FORMAREC en a été impacté. La réalité économique a coupé court à ces projets malgré nos efforts pour faire évoluer nos conventions.
Quel bilan dressez-vous de FORMAREC ?
Nous avons mis à disposition une trentaine de formations pour répondre aux besoins des entreprises qui progressent. Ces formations sont à la disposition de FEDEREC. Il est essentiel que les entreprises intègre l’importance de former leur personnel de manière à suivre la progression du marché.
C’est un marché favorable qui évolue en permanence. Malheureusement, la réforme du financement de la formation professionnelle a eu raison de notre bonne volonté : sans financement, nous avons dû annuler 75% des formations proposées en 2019. Insupportable déficit du projet qui échoue. Nous avons donc choisi d'en finir avec cette aventure et de fermer cette activité.
Comment voyez-vous l’avenir de la formation dans le recyclage et que vont devenir les formations développées par FORMAREC ?
FEDEREC reste mobilisée sur l’attractivité des métiers, la montée en compétence des salariés et les outils à créer pour accompagner les entreprises sur ces thématiques. Des travaux et réflexions paritaires sont en cours au niveau du Comité Stratégique de la Filière déchets et du nouvel Opco inter-industriel.
Sandrine LEGER et moi avons convenu que nos formations pourront être réalisées au cas par cas et elles resteront à la disposition de FEDEREC car il est important qu’une fédération de l’envergure de FEDEREC détienne un matériel pédagogique à disposition de ces adhérents : plutôt que d’être dans l’offre, ces formations resteront dans l’attente de demande.
Un dernier mot ?
C'est ainsi que ma place au conseil d’administration de FEDEREC disparaît et que je ne serai plus, comme c'était le cas depuis 25 ans, administrateur de la profession. Une page se tourne.
Mais le groupe PÉNA a construit ses relais : Frédéric FAGES, Directeur général délégué PÉNA Environnement, et Cédric DESFORGES, Directeur d’exploitation PÉNA Métaux – Coris (production de CSR), sont au Conseil d'Administration de Bordeaux et de VALORDEC. Nous continuerons dans les années qui viennent à nous investir pour l’avenir de notre profession.