Interview Thierry de CHIREE
Publié le 26/04/2019
À la fin de l’année 2018, les entreprises du recyclage ont été confrontées à la saturation des capacités de stockage pour leurs déchets ultimes. La Région Est fait partie des régions les plus touchées. Comment expliquez-vous cela?
Les entreprises de la Région Est sont effectivement particulièrement touchées par la saturation des capacités de stockage pour les déchets ultimes issus des déchets d’activités économiques. Selon l’enquête réalisée par FEDEREC en février dernier, sur les 800 000 tonnes de capacités manquantes, la Région Est représente 21% de ces tonnages soit environ 170 000, derrière la Région PACA avec 33% et devant la Région Auvergne-Rhône-Alpes avec 20%. Certaines causes sont communes aux autres régions en difficulté comme la reprise de l’activité économique, la fermeture des frontières chinoises, ou encore les impacts des mesures incitatives telles que la prime à la conversion automobile. D’autres raisons sont caractéristiques de notre Région, telle que la fermeture temporaire de l’incinérateur de Strasbourg qui réduit nécessairement les capacités d’exutoires disponibles. Ce que nous pensions au départ être une problématique de fin d’année s’est avérée persistante sur le début de l’année 2019. Nous avons de grandes inquiétudes pour le second semestre de cette année car les difficultés rencontrées pourraient bien s’accentuer et gagner d’autres régions aujourd’hui encore épargnées par le phénomène. Tant que la baisse de moitié à horizon 2025 des capacités de stockage prévue par la Loi Transition Energétique pour une Croissance Verte ( LTECV) sera appliquée par les Plans Régionaux de Prévention et de Gestion des Déchets (PRPGD) sans que soit prévu le développement de nouvelles filières de recyclage ou de la filière Combustibles Solides de Récupération (CSR), nous ne pourrons trouver de solution pérenne.
Comment les adhérents et les pouvoirs publics locaux se sont mobilisés sur cette question ? Des mesures concrètes ont-elles été prises par les pouvoirs publics ?
Dès les premières difficultés et avec l’appui de FEDEREC au niveau national, nous avons interpelé le Président de la Région Grand Est, le Préfet de la Région ainsi que nos interlocuteurs locaux habituels avec qui nous avons un lien de confiance. Le sujet a été pris avec beaucoup de sérieux et une enquête devant aboutir à un plan d’action a été lancée par la région en janvier 2019. En parallèle, avec le dynamisme des adhérents de notre syndicat, nous avons mobilisé les parlementaires de la Région. Plusieurs Députés et Sénateurs ont alors signé un courrier conjoint aux autorités locales alertant sur les risques de la situation et appelant à des solutions rapides. La problématique a été également relayée par la presse locale. Le 8 avril dernier, la région nous a convié à une restitution de leurs travaux sur le sujet pour s’accorder sur les mesures à venir. A court termes et pour répondre à l’urgence, la Région pourrait accorder des capacités de stockage supplémentaire. C’est une première étape d’un travail que nous souhaitons continu avec la région pour aboutir à des solutions durables et satisfaisantes dans la dynamique de l’économie circulaire.
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