Rencontre avec Bruno Delavant
Partager
Publié le 21/08/2019
"Pour les entreprises, c’est l’opportunité de former toutes les générations aux exigences de ces métiers et d’avoir des employés formés avec du savoir-faire"
Bruno DELAVANT, Vice-président de la Commission Paritaire Nationale de l'Emploi et de la Formation

  • Pouvez-vous présenter la Fédération Générale des Mines et de la Métallurgie ?

La Fédération des Mines et de la Métallurgie est une fédération qui anime 7 conventions collectives : la métallurgie (la plus importante), les services automobiles, les jeux jouets, la récupération, le froid (tout ce qui touche à la climatisation), la bijouterie et les machines agricoles. Je suis le négociateur pour 4 branches : les jeux jouets, la récupération, la bijouterie et le froid. J'assiste Jean MAURIES, Secrétaire national et Trésorier de la fédération.



La Fédération est composée de 39 salariés dont 8 secrétaires nationaux. Chaque secrétaire national gère un thème de négociation (rémunérations et prévoyance, formation professionnelle) sur la branche de la métallurgie. Les six autres branches ont un même interlocuteur face à la branche patronale. La Fédération Générale des Mines et de la Métallurgie appartient à la Confédération. Elle ne gère que ses branches.

  • Quelle est votre relation avec FEDEREC ?

En tant que Secrétaire fédéral, j'agis à la fois en tant que technicien et négociateur. Je prépare les dossiers techniquement, puis les supervises auprès de mon secrétaire national de couverture. Je vais ensuite négocier lors des réunions. Ma relation avec FEDEREC est technique et politique. La Fédération Générale des Mines et de la Métallurgie entretient une très bonne relation et un bon dialogue social avec FEDEREC.

  • Pouvez-vous présenter votre mandat au sein de la CPNEFP (Commission Paritaire Nationale de l'Emploi et de la Formation) ?

Je suis le Vice-président de la Commission Paritaire Nationale de l'Emploi et de la Formation. La Commission élit un président et un vice-président n’appartenant pas au même collège. La présidence et la vice-présidence changent de collège tous les deux ans. Le secrétariat est assuré par une secrétaire de la chambre patronale.

Les missions de la CPNEFP sont les suivantes :
- examiner l’évolution quantitative et qualitative des emplois et des qualifications professionnelles au regard des informations issues de l’observatoire prospectif des métiers et qualifications, élaborer et proposer des orientations générales en matière d’emploi dans la branche, évaluer par ailleurs les besoins en matière d’emploi au regard des évolutions sociologiques et démographiques ainsi que la situation économique de la branche, en étudier les effets sur les classifications et faire toute proposition nécessaire,
- favoriser l’insertion professionnelle des jeunes
- participer à l’étude des moyens de formation, de perfectionnement et de réadaptation professionnels, existant pour les différents niveaux de qualification,
- rechercher, avec les pouvoirs publics et les organisations intéressées, les mesures propres à assurer la pleine utilisation, l’adaptation et le développement de ces moyens,
- développer la formation professionnelle

  • Pourquoi avoir créé des certifications au sein de la Branche ?

Le Certificat de Qualification Professionnelle (CQP), diplôme de Branche « créé par des professionnels pour des professionnels », constitue une alternative aux filières et diplômes préexistants. Les CQP, permettent une formation sur-mesure grâce à une adaptation de la durée et du programme de la formation au profil de chaque candidat, ainsi qu’un calendrier de formation ajustable.

Il existe encore très peu de formations diplômantes reconnues par l’éducation nationale pour accéder aux métiers de la récupération.
À part le CAP PEUCR : Propreté de l'Environnement Urbain - Collecte et Recyclage, le Bac professionnel GPPE (Gestion des Pollutions et Protection de l’Environnement) et le niveau BAC + 3 Responsable d’Exploitation.

Les CQP sont créés à la demande des chambres patronales qui les alertent sur le manque de diplômes dans leur branche. Il s’enclenche alors un processus technique : réalisation d’une étude d’opportunités afin de s’assurer qu’il y a bien un besoin. Une fois que l’étude prouve qu’il y a un vrai besoin, on lance un processus technique référentiel dans lequel on va écrire un référentiel qui va servir à créer la formation. Le référentiel va se créer à l’aide du prestataire, des patrons, des salariés et des formateurs dans les centres qui connaissent parfaitement le métier et les besoins en matière de compétences.

  • Quels sont les avantages pour les entreprises et les salariés concernés ?

Pour les entreprises, c’est l’opportunité de former toutes les générations aux exigences de ces métiers et d’avoir des employés formés avec du savoir-faire. Cela offre de nouvelles perspectives d’évolution aux salariés.

De nombreux salariés rentrent sans formation et apprennent sur le tas. C’est donc l’opportunité d’obtenir un diplôme reconnu au niveau national et par les employeurs dans la branche. Ça valorise les compétences du salarié, garantie son employabilité et sa mobilité. Grâce à une reconnaissance financière, le salarié gagne un peu plus.

  • Quels sont les autres travaux en cours dans le Branche sur la partie emploi, formation, métiers ?

Suite à des études et des travaux menés avec d’autres branches, la CPNEFP travaille avec le gouvernement sur deux sujets :
- Le PIC : création d’une banque de données communes basée sur un langage commun au service des référentiels métiers. Il y a des CQP dans toutes les branches et certains sont communs (CQPI). Lorsqu’ils sont créés, le référentiel appartient à la branche, ce qui veut dire qu’une autre branche peut l’utiliser, mais ne peut pas changer le référentiel. D’où l’intérêt de créer une base de données communes afin d’utiliser le même langage. Cela permettrait de créer une sorte de référentiel qui serait commun avec un langage commun tout en laissant aux branches la possibilité de changer ce référentiel
- L’EDEC (Engagement Développement et Compétences) : études qu’on mène pour suivre l’évolution des métiers dans certaines branches et dans certains secteurs d’activités.
Création d’une formation en E-Learning composée de plusieurs modules qui vont traiter de la sécurité. Une fois les utilisateurs connectés, ils auront des cours et ensuite des questionnaires à valider. S’ils réussissent le module, ils obtiendront un document attestant de la bonne réussite de formation. (Autre parcours sur la découverte de l’économie circulaire, la transition énergétique et les filières et les métiers du recyclage.)

  • Quels sont les prochains travaux à engager selon vous ?

Le prochain travail à engager sera de revoir leur accord formation professionnelle d’ici la fin de l’année suite à la réforme de la formation professionnelle. Ce qui change la façon de financer les salariés. Ils ont tout à réapprendre.

  • Quelle est votre vision de l’évolution des métiers du recyclage face aux transformations et aux évolutions techniques, numériques ?

La transformation et la valorisation des déchets de la branche a pour particularité le fait qu’elle repose sur des infrastructures lourdes et très réglementée. Les centres de tri sont complexes face à la multitude des matières qui apparaissent. Les entreprises apprennent à reconnaître la matière et à trier. Il y a des parties qui sont automatisées, mais il reste une grande partie d’activités manuelles. L’interrogation concernant l’avenir est : comment le numérique va venir perturber tout ça ?
Pour Bruno DELAVANT, l’humain, sera présent sur ce genre de postes de tri pendant encore quelques années, car il y a une certaine sensibilité dans la matière. Il faut tout de même rester attentif à l’évolution du numérique et a son impact sur les métiers. On le voit sur d’autres secteurs, des branches où l’on ne pensait pas que le numérique pourrait tout bousculer. Par exemple, dans la branche de la bijouterie, ils arrivent à ce jour à créer des prototypes de bijoux avec les imprimantes 3D. Un jour une imprimante 3D sera en capacité de sortir un bijou en or. Un autre secteur innove à grand pas c’est le machinisme agricole, des tracteurs fauches des champs sans chauffeurs. Par transposition, je pense que demain dans le recyclage, il y aura des robots qui trieront, des camions qui se conduiront. Il reste très attentif à cette évolution numérique.

Ce qui est vrai aujourd’hui avec l’informatique, ne le sera pas forcément demain. Cela évolue très vite, on n’a pas le temps de suivre et de voir la répercussion qu’il va y avoir sur les emplois à l’avenir. C’est un enjeu sociétal important.

Le présent site internet place des cookies. Les cookies essentiels sont nécessaires au bon fonctionnement du site et ne peuvent pas être refusés. Les autres cookies sont optionnels et ne seront placés que si vous les autorisez. Consultez notre politique en matière de cookies pour en savoir plus.